La protection différentielle (1)

07/10/2025

La protection différentielle (1)

La protection différentielle est un système de sécurité des installations électriques.

Imaginée dès la fin du 18e siècle sur les installations à haute tension, elle s’est ensuite généralisée sur les installations à basse tension, domestiques et industrielles. 


Il s’agit d’un dispositif qui assure la protection des utilisateurs contre les risques d’électrisation ou d’électrocution en détectant les fuites de courant sur un circuit et en coupant immédiatement l’alimentation de ce circuit. 

 

Mais qu’est-ce qu’une fuite de courant ?


Bien sûr, le courant ne fuit pas comme l’eau le fait d’un robinet mal fermé. Pour en donner une image, on dira que le courant électrique cherche toujours deux choses :


- rejoindre un point de plus bas potentiel.
- arriver à ce point par le chemin qui lui offre le moins de résistance.

 

Les points de plus bas potentiel que celui de la phase (230 V dans les habitations) se trouvent à deux endroits principaux dans votre installation : le neutre et la terre. En réalité, neutre et terre sont théoriquement au même potentiel dans le domestique en France car le neutre est à la terre au transformateur de votre quartier. Nous y reviendrons dans un autre article sur les régimes de neutre.

 

Pour arriver à l’un de ces deux points, il y a plusieurs possibilités.


La phase peut rejoindre le neutre de façon normale, c’est à dire à travers un récepteur : une lampe, un moteur, une résistance… bref tout appareil électrique que vous utilisez couramment et dans ce cas il ne se passe rien. Mais elle peut aussi le rejoindre de façon anormale. 


Exemple : vous percez un trou dans un mur pour accrocher un cadre et le forêt de votre perceuse va rencontrer un câble électrique. Vous provoquez alors un court-circuit entre le fil de phase et le fil de neutre. Le disjoncteur qui protège ce circuit va couper aussitôt l’alimentation électrique dans le câble.

 

Mais vous n’avez pas provoqué ici de fuite de courant, vous avez provoqué l’apparition d’un courant de court-circuit, qui peut atteindre plusieurs milliers d’ampères et qui est détecté par la fonction magnétique du disjoncteur.


Cependant, la phase peut aussi rejoindre la terre et dans ce cas il s’agit toujours d’une situation anormale. Le fil de terre est dans votre installation un conducteur dépourvu de tension et qui doit le rester. C’est un conducteur de protection dont le rôle est de permettre l’écoulement des courants de défaut vers la terre. Un courant de défaut apparaît par exemple lorsque la phase rentre accidentellement en contact avec une masse métallique qui n’est pas censée transporter du courant. 


Exemple : avec le temps et les vibrations répétées, un fil de phase alimentant le moteur de votre lave-linge finit par s’user, son isolant se dégrade et le cuivre du fil entre en contact avec la carcasse du lave-linge. Cette masse métallique va alors se retrouver au même potentiel que la phase, c'est à dire 230 V.

 

Si votre installation n’est pas équipée de fils de terre, dès que vous toucherez votre lave-linge vous subirez au mieux une électrisation (un choc électrique) et au pire une électrocution (un choc électrique entraînant la mort) car c’est votre corps qui permettra alors au courant de rejoindre la terre, en lui offrant une résistance infiniment moindre que celle des pieds en caoutchouc de votre machine.

 

Si vous avez la chance d’avoir une installation moderne et aux normes, la carcasse de votre lave-linge est reliée au fil de terre de la prise sur laquelle est branchée votre machine à laver. Dans ce cas, le courant de défaut s’écoulera à la terre via le conducteur de terre.

 
Vous comprenez maintenant ce que l’on appelle une fuite de courant. C’est un phénomène qui est invisible et indétectable par un humain et qui peut se manifester d’une façon imprévisible et extrêmement dangereuse.
Pour parer à cela et détecter une fuite de courant avant qu'elle ne devienne un danger potentiel, on a imaginé la protection différentielle qui compare en quelque sorte en permanence la somme du courant entrant et du courant sortant dans un circuit. Si cette somme est nulle, il ne se passe rien. S’il y entre plus de courant qu’il n’en sort, cela signifie qu’il y a une fuite de courant quelque part sur le circuit et la protection différentielle coupe immédiatement son alimentation.


Si votre installation n’est pas équipée de conducteurs de terre, la protection différentielle se déclenchera au moment où vous touchez le lave-linge. Si votre installation est aux normes, la protection différentielle se déclenchera dès l’apparition du courant de défaut. Vous n’aurez donc pas à jouer le rôle du conducteur de terre, ce qui est toujours un pari sur l’avenir assez risqué.


Voilà pour le principe, dans un prochain article nous verrons la mise en œuvre technique de la protection différentielle.


Et pour la petite histoire, la protection différentielle installée sur le disjoncteur d’abonné (le disjoncteur principal de l’installation, installé par Enedis à côté du compteur Linky) a initialement été mise en place pour éviter les vols de courant. En effet, le régime de neutre utilisé en France sur le réseau domestique permettait à des utilisateurs peu scrupuleux d’utiliser la terre comme neutre et de mettre ainsi le compteur à l’arrêt. Nous y reviendrons dans un prochain article sur les régimes de neutre.

Mise aux normes d'une installation électrique

30/09/2025

Mise aux normes d'une installation électrique

Une norme de l'installation électrique apparaît en France dès 1911, mais elle est alors seulement indicative.

Elle ne sera connue sous le nom de NF C15-100 qu'à partir de 1956 et ne deviendra d'application obligatoire dans le neuf qu'à partir de 1969.

 

La norme connaîtra plusieurs évolutions majeures jusqu'à aujourd'hui et elle a notamment imposé au fil du temps:

  • la généralisation de la prise de terre
  • la pose de dispositifs de protection différentiels 30mA à l'origine de chaque circuit
  • la définition des volumes dans les salles d'eau
  • la standardisation des diamètres de fils et du calibre des disjoncteurs en fonction des circuits
  • et bien d'autres choses encore...

 

Lorsque l'on parle de mise aux normes d'une installation électrique, il faut distinguer la mise en sécurité et la mise en conformité des locaux.

 

  • La mise en sécurité d'un logement représente l'ensemble des travaux à effectuer impérativement pour éliminer les dangers graves constatés lors d'un diagnostic.
    Elle se base sur 6 points de contrôle qui doivent obligatoirement satisfaire à la norme pour que le logement soit considéré comme satisfaisant sur le plan de la sécurité électrique. La mise en sécurité représente en quelque sorte le "minimum vital" d'une installation électrique.

    Voici quels sont les 6 points à considérer obligatoirement:

    -1- Présence d’un appareil de coupure générale de l'installation: il s'agit le plus souvent du disjoncteur de branchement, il doit être fonctionnel et accessible à tout moment.

    -2- Présence, à l’origine de l’installation, d’au moins un dispositif différentiel de protection adapté à la prise de terre: c'est ce que l'on appelle un interrupteur ou un disjoncteur différentiel, il permet de protéger les personnes des chocs électriques. Voir l'article du blog sur ce sujet.

    -3- Présence, à l'origine de chaque circuit, d’un disjoncteur de protection contre les surintensités, adapté à la section des conducteurs. C'est à dire que les différentes fonctions de l'installation sont regroupées par circuit (lumière, prises, four, lave-linge, etc) et que chaque circuit est protégé contre les surcharges par un disjoncteur adapté. De même, les fils de chaque circuit doivent être d'une section minimale pour supporter la charge. Voir l'article du blog consacré aux différents circuits et à leurs protections.

    -4- Présence, dans chaque local contenant une baignoire ou une douche, d'une liaison équipotentielle et respect des règles d'installation dans les volumes définis autour de la baignoire ou de la douche. Ceci est un sujet important, nous y reviendrons dans un autre article.

    -5- Absence de matériels électriques vétustes, inadaptés à l'usage ou présentant des risques de contact direct avec des éléments sous tension. C'est à dire pas de fils dénudés, pas de prise de courant cassée ou déboîtée, pas d'appareils bricolés, pas de câbles rafistolés avec du scotch, etc.

    -6- Tous les fils électriques sont protégés par des conduits, des moulures ou des plinthes en matière isolante. C'est à dire que les fils électriques ne doivent pas être accessibles directement, sans protection.

 

 

  • La mise en conformité est un ensemble de travaux plus lourds conduisant à une réfection plus poussée de l'installation, de façon à satisfaire à tous les points de la NF C15-100 en vigueur. Ceci ne signifie pas que vous devez changer l'intégralité des circuits de votre maison. Les parties en bon état et ne présentant pas de danger peuvent être conservées et réutilisées.
    De même, certaines dérogations sont admises sous conditions en rénovation, en considérant toujours que la sécurité des biens et des personnes doit être garantie.

 

Pour la petite histoire, les normes d'application obligatoire sont d'accès et de consultation gratuites de par la loi et ce devrait donc être le cas de la NF C15-100. Mais il est fort probable que le prix que vous réclamera l'Afnor (son éditeur) pour son obtention vous fera bondir. 

La raison en est que les différents comités et organisations de normalisation qui en ont les droits de propriété intellectuelle ont demandé et obtenu la suspension de l'accès gratuit à la NF C15-100...

 

Sur ce site, vous trouverez des liens de téléchargement gratuits de la norme simplifiée, la plupart des grands fabricants de matériel électrique ayant répondu à leur façon à cet obstacle à la connaissance de ce que l'on vous impose.

 

Bon à savoir: lors de la vente d'une habitation, il n'est pas obligatoire que l'installation électrique soit conforme à la NF C15-100 en vigueur.
Seul le diagnostic électrique est obligatoire lorsque le logement a plus de 15 ans, il vise à informer l'acquéreur de l'état de l'installation et de ses potentiels dangers.
Cependant, il est évident qu'un diagnostic défavorable sur le plan de la sécurité électrique sera un argument de négociation pour les acheteurs et réduira significativement la valeur de vente du bien.